Le camp de Vernet d'Ariège est tout d’abord considéré, avec tous les camps bordant la méditerranée, comme un camp pour les Espagnols réfugiés en France après la guerre. Il est exact qu'il se définit ainsi au premier abord, seulement, il ne faut pas croire qu'il n’a servis qu'ainsi durant la période de 1939-1944, bien au contraire ! En effet, on remarquera, plusieurs années que de nombreux civils ou militaires de nationalités très diverses y étaient présents.
En février 1939, à la suite de de la défaite de la République espagnole, le camp de concentration du Vernet d’Ariège s’ouvre. Ce lieu est un camp répressif, accueillant pour premiers internés les soldats de l’armée républicaine espagnole. Il est destiné à enfermer tous les « indésirables étrangers ». Des volontaires des Brigades Internationales qui avaient combattu en Espagne contre Franco, des opposants politiques aux régimes d’Hitler, Mussolini et Pétain, des membres de la Résistance y sont cloîtrés. Les internés étaient originaires de 54 nationalités différentes, des Espagnols, Russes, Polonais, Italiens, Yougoslaves, Arméniens, Tchèques, Chinois, Portugais, Hongrois, Roumains et autres y sont mort. On les retrouve au cimetière présent près de la commune de Saverdun, mais nombreux sont encore les corps anonymes. Au sein du musée, des photographies des personnes non identifiés y sont affichés, et certaines familles ont ainsi pu retrouver les traces d’un membre disparus.
En 1942, celui-ci devient un camp d’internement, lieu de transit pour les Juifs raflés dans la région. De 1939 à 1944, 30 000 à 40 000 personnes d'une soixantaine de nationalités y ont été enfermées. L’écrivain Arthur Koestler était lui-même dans ce camp, et il décrit les conditions terribles au sein de ce dernier dans son ouvrage La lie de la terre. En effet, il y régnait la loi du plus « riche », ceux qui avaient le plus de moyens pouvaient en échange d’argent obtenir plus de nourriture par exemple, mais les plus défavorisés, souffraient de famine. Les lits étaient minuscules, sans matelas et il y avait de nombreuses maladies. Il n’y avait ni chauffage, ni électricité et les internés démunis de vêtements chauds et de couvertures, dormaient tout habillés, notamment pendant l’hiver 1939-1940.
A leur arrivée, les internés avaient le crâne tondu et étaient dépouillés de leurs objets personnels.
Beaucoup d’entre-eux furent transférés à Drancy, ou acheminés vers les camps d’Auschwitz, Dachau, Djelfa (Algérie) et Avrigny (île Anglo-normande). De ce camp sont partis en déportation entre 1942 et 1944, six convois.
Le camp était étendus sur 50 hectares, et les internés étaient répartis en trois groupes dans trois quartiers différents et séparés par des barbelés.
Les locaux de l’hôpital de la ville ont eux aussi servis de lieu d’internement pour les détenus malades, infirmes ou âgés.
Le 30 juin 1944, les 403 derniers internés sont évacués en camion et en bus (pour les estropiés) jusqu'à Toulouse. Le 3 juillet ils seront déportés par le « Train fantôme », qui mettra presque 2 mois pour arriver à destination : Dachau pour les hommes et Mauthausen pour les femmes.
Reconstitution du camp de Vernet, présent au musée.
Aujourd’hui les bâtiments n’existent plus, seuls subsistent le château d’eau et les poteaux marquant l’entrée du camp ainsi que les baraques des gardes devenus des habitations. Il y a néanmoins la gare du Vernet et son wagon identique à ceux qui ont servis à la déportation, renfermant une plaque identifiant une quarantaine d’enfants juifs, âgés de 2 à 17 ans, déportés vers Auschwitz le 1er septembre 1942.
Il y a aussi un mémorial au niveau du camp, ainsi qu’un cimetière.
Au village de Vernet, un musée est consacré au camp.
J’ai moi-même visité ce musée, son mémorial, son cimetière et vu la gare et son wagon. Un ancien interné est venus nous faire des commentaires et nous raconter son histoire avant de nous laisser faire la visite par nous-même. Il n’est pas très grand mais renferme beaucoup d’informations mais il est dommage que ce site soit aussi méconnus.
Le mémorial, en commémoration aux internés de différentes nationalités, ici représentées.